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Usages numériques : bilan post confinement

par | Juin 21, 2020 | Informations, Parents

Depuis le début de la crise sanitaire, le numérique a permis aux enseignants et aux familles de rester en lien et d’assurer la continuité pédagogique des apprenants. Néanmoins, le besoin de rationaliser les usages numériques est devenu une réelle nécessité afin de contrôler le temps d’écran et la qualité des activités.

Les usages numériques de l’école à domicile

Les outils numériques plébiscités pendant le confinement

La communication école/famille

Si au début du confinement on a beaucoup parlé des ENT (Environnement Numérique de Travail), la réalité montre que peu d’élèves de primaire y ont suivi des cours. La plupart des enseignants du 1er degré ont eu recours au mail pour communiquer. Certains, ont utilisé le blog de leur classe ou encore des padlets pour fournir les exercices à réaliser à la maison. Au final, le temps d’écran scolaire des élèves n’a pas tant fait augmenter le temps d’écran global. En effet, les exercices devaient être faits à l’écrit, dans les cahiers et fichiers habituels. Aux parents de corriger ou d’envoyer le travail aux professeurs.

Au début, nous nous sommes beaucoup inquiétés pour notre fils de 6 ans et demi. Le CP est une classe tellement importante ! Mais finalement grâce aux padlets de son maître, nous avons pu accompagner Malo. Il avait essentiellement du travail de lecture et d’écriture dans son fichier. Il y avait aussi des propositions de jeux de société à fabriquer soi-même. Nous sommes heureux qu’il ait pu éviter de rester derrière un écran !

Margaux et Yohan, parents de Malo

Parfois, les maîtres et maîtresses les plus à l’aise numériquement ont proposé des quiz en ligne et/ou des visio-conférences.

Les échanges numériques entre les familles

D’autre part, certaines familles se sont régulièrement connectées au site du CNED (Ma classe à la maison). Mais elles sont minoritaires d’après une enquête de la FCPE pour Paris. Par ailleurs, cette fédération de parents d’élèves relèvent que les familles ont aussi beaucoup échangé entre elles, via mail, mais aussi grâce à What’s app. Ainsi, l’entraide entre parents a fonctionné à merveille pour raviver les souvenirs d’école !

Heureusement qu’on avait notre groupe What’s app de parents de CM2. Ça nous a bien aidé pour les fractions et les divisions. On a beaucoup ri aussi ! Nos enfants sont loin de s’imaginer qu’on a perdu la main, alors en parler entre adultes ça aide à dédramatiser.

Marco, papa de Noémie, 10 ans

Bilan de l’école numérique

Érosion de la motivation et décrochage scolaire

Cependant, le premier bilan du numérique à l’école reste contrasté. En effet, les enseignants ont constaté au fil du temps une érosion de la motivation. En fonction des établissements scolaires, le décrochage peut concerner plus d’un élève sur deux (collège en cité éducative). Concernant l’élémentaire, il n’est pas rare de relever 1/5 à 1/4 d’élèves absents. Dans ces cas-là, les enseignants ont tenté de renouer contact par téléphone et parfois des associations de terrain ont pu intervenir pour éviter le décrochage des élèves en difficulté.

Même pour les élèves les plus motivés, il s’avère difficile de tenir la longueur. Les motifs évoqués sont d’ordre pédagogique et psychologique.

Difficulté d’attention et absence d’interactions

Tout d’abord, les enseignements numériques ne se déploient qu’à sens unique, même lors d’une visio-conférence. En n’étant pas impliquée réellement, physiquement, une part importante de l’attention se volatilise. Combien d’élèves désactivent la caméra et/ou le micro pour faire simplement acte de présence ? En classe, l’enseignant peut davantage jauger l’attention de ses élèves et adapter sa pédagogie.

D’autre part, l’absence d’interactions entre pairs pénalise les apprentissages. En classe, les consignes sont souvent explicitées plusieurs fois. Tous les élèves profitent des questions de leurs camarades, ce qui améliore leur compréhension des exercices. Face à son fichier PDF ou son padlet, l’élève doit comprendre seul-e. L’aide d’un adulte est fondamentale pour s’assurer que les énoncés sont clairement compris.

Ça fait presque trois mois que je jongle entre les programmes de CE1 et de CM2. Mes enfants ont plutôt bien réagi les premières semaines, mais après les vacances de printemps leur motivation a baissé. Le moindre exercice écrit était une corvée. On n’arrêtait pas de se disputer. J’avais l’impression de devenir leur bourreau. Mon grand bâclait tous ses quiz et la petite traînait une heure pour un malheureux exercice de grammaire. Non, décidément, l’école à la maison, ce n’est pas l’école !

Gabriel, papa de Lou (8 ans) et Victor (11 ans)

Mais parfois les enfants s’opposent à l’intervention parentale, qu’ils jugent soit intrusive, soit dévalorisante. Au sein du groupe de classe, cette problématique est moindre puisque l’enseignant joue son rôle d’instructeur. Être parent et prof amène des difficultés de positionnement vis-à-vis des apprentissages. Tant que l’enfant suit, tout va bien, mais la machine peut vite s’enrayer et l’enfant se braquer. Dès lors, l’enseignement à la maison prend une tournure conflictuelle. C’est sans doute pourquoi les parents ont accueilli favorablement la reprise totale des cours le 22 juin.

Les usages numériques récréatifs

Télétravail et temps d’écran des enfants

Augmentation des usages numériques

Si les usages numériques dépendent du milieu social, du taux d’équipement et de la disponibilité des parents, l’exposition aux écrans varie en fonction des familles. En particulier au regard de leurs modalités de travail pendant puis après le confinement.

Sur 32% d’actifs travaillant à temps complet pendant le confinement, 50% étaient en télétravail, 50% se déplaçaient. Pour celles et ceux qui ont dû cumuler travail à domicile et garde de leurs enfants, les derniers mois écoulés ont été rudes ! Il existe une nette corrélation entre ces deux facteurs au regard du temps d’écran des enfants pendant cette période.

On ne dispose pas encore de données pour la France, mais la Belgique a relevé une hausse du temps d’écran pour 60% des moins de 13 ans pendant la période de confinement. Le temps d’écran recouvre tous les usages numériques : télé, tablette, smartphone, console de jeux numériques. En fonction de l’âge des enfants, les supports varient. Les plus petits visionnent des dessins animés ou jouent à des jeux simples sur tablette, tandis que les plus grands jouent surtout en ligne. Dorénavant, les parents souhaiteraient revoir à la baisse le recours au numérique.

D’après France Soir, « aujourd’hui, 56% parents disent que le temps d’écran a augmenté d’au moins 1h par jour. 11% d’entre eux estimant même l’augmentation journalière à plus de 3h. »

Comment faire avec mes deux jumeaux de 5 ans quand je dois entamer ma réunion zoom à 15h ? Eux qui n’avaient droit qu’à 30 minutes de dessins animés entre 19h et 19h30 pendant la préparation du repas, sont passés à presque 2 h par jour. On essaie de s’organiser pour que ce soit pas tous les jours, mais c’est hyper culpabilisant. Et en plus on les récupère énervés pour le reste de la journée… Vivement la reprise de l’école !

Alessandra, maman de Zeno et Mattia

numériques

Le risque du syndrome de la cabane

Dès le début du confinement, des professionnels de l’enfance se sont soit alarmés du trop plein d’écrans, soit ont tenté de rassurer sur l’augmentation du temps d’écran. Ces derniers considéraient que pour faire face à cette situation anormale, un assouplissement des règles familiales était nécessaire. Mais aujourd’hui de nombreux parents s’inquiètent des mauvaises habitudes prises par leurs enfants. Comment redonner le goût du jeu entre amis, des sorties au parc à des jeunes qui ont joué plus que de raison à Fortnite ? Une enquête menée par le Forum vies mobiles pendant le confinement a montré que les 18-24 ans étaient la catégorie qui s’était la moins déplacée pendant le confinement (31% jamais). À l’opposé les personnes âgées de 55 ans et plus ont utilisé leur créneau quotidien de sortie.

Par conséquent, il existe un risque réel de confinement prolongé pour certains jeunes, essentiellement les adolescents. Cette tranche d’âge est concernée par le syndrome de la cabane. Pourquoi sortir de chez soi alors qu’on est si bien dans son cocon ? Le dehors paraît menaçant, alors que l’intérieur semble protecteur. Les ados ont besoin d’être accompagnés pour reprendre goût à la vie sociale en extérieur. Heureusement, les enfants plus jeunes se déclarent majoritairement partants pour rejoindre leurs copains au square. Jusqu’au 2 juin, les parcs étaient encore fermés dans les zones rouges. Ainsi, les sorties des plus jeunes restaient très limitées dans les zones urbaines. Cependant, dans beaucoup d’endroits la vie sociale entre enfants a repris avant le retour à l’école pour tous.

Dès qu’on a pu ressortir normalement, on a fait le point entre nous, les parents de classe, pour savoir qui avait accès à un espace extérieur. Puis on s’est organisé par roulement et petits groupes pour que les jeux reprennent. Dans notre cour d’immeuble, il y avait le jour des CE1, le jour des maternelles… Comme ça, on a pu diminuer les temps d’écran et retravailler un peu plus tranquillement chez nous. Cependant, si ça dépanne ce n’est pas l’idéal car on n’a pas toujours des idées pour les amuser tout le temps ! La reprise des cours est un vrai soulagement.

Géraldine, maman de Chloé (4 ans) et Marion (7 ans)

Le guide des bonnes pratiques numériques

Privilégier les interactions sociales réelles

En fait, les spécialistes de l’enfance préconisent de revenir progressivement à un usage plus raisonnable des outils numériques. La décision de remettre tous les enfants à l’école prend en compte l’importance des interactions réelles entre enfants pour apprendre.

Depuis plusieurs semaines, un collectif de pédiatres clame même qu’il serait plus dangereux pour les enfants de rester chez eux plutôt que de revenir à l’école. Les données médicales concernant le nouveau coronavirus chez les jeunes laissent penser que ceux-ci ne sont pas particulièrement à risque. Ainsi, pour la reprise scolaire devrait remettre en selle les élèves et les aider aussi à se détacher des écrans. De fait, la reprise du rythme scolaire recrée le cadre antérieur éducatif et réactualise les bonnes pratiques d’avant confinement.

Les recommandations des psychiatres face aux usages numériques

Globalement, si l’on se sent un peu débordé par le temps d’écran de son enfant, il peut être utile de revenir aux conseils du psychiatre Serge Tisseron. En partant de repères d’âge 3-6-9-12 ans, il indique quelles sont les limites recommandées. Ce qu’il faut retenir :

  • avant 3 ans : pas d’écran ;
  • 3-6 ans : respecter les âges indiqués, pas d’écrans dans la chambre, ni pendant les repas ou avant le sommeil, participer aux jeux (moins d’1h/jour) ;
  • 6-9 ans : parler de ce qu’il/elle voit et fait, alerter sur les dangers, pas d’écrans dans la chambre ;
  • 9-12 ans : décider ensemble du temps d’écran et des usages autorisés, rappel des règles et dangers, parler de ce qu’il/elle voit et fait
  • 12 ans et + : respect des horaires, prévention harcèlement et autres dangers du net, éteindre le Wi-fi la nuit, refus d’être ami-e sur les réseaux sociaux.

Temps d’écran versus activités de plein air

Les recommandations de temps d’écran font débat. Le CSA préconise 30 à 40 minutes par jour pour les 3-8 ans et 1h pour les 8 ans et plus. Sachant que la moyenne est de presque 2h actuellement, certains spécialistes misent plutôt sur une moyenne hebdomadaire ne devant pas dépasser 12h. Ce mode de calcul permet d’inclure des films destinés à la jeunesse qui dépassent souvent les 60 minutes.

Par ailleurs, il est recommandé de privilégier la qualité sur la quantité : un documentaire, un bon film, un jeu à partager en famille, un appel vidéo vers les grands-parents ou tout simplement, des ressources et contenus ludo-éducatifs (jeux, activités, vidéos éducatives….) accompagnant les plus jeunes dans leur apprentissage et qui sont parfois à exploiter avec et/ou sans écrans. C’est d’ailleurs à cet effet, que Kidlee a développé Famille Tools, un moteur de recherche qui répertorie et facilite l’accès à ce type de contenus par thématique et tranche d’âge.

Avec les vacances qui approchent, les usages numériques vont sans doute diminuer et reprendre la place qu’ils avaient avant le 16 mars. Une partie de raquettes de plage avec un-e ami-e, un plongeon dans la piscine pour éclabousser les parents qui bronzent, c’est quand même plus amusant qu’un épisode des Pyjamasques !

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