À quelques jours de la rentrée des classes 2020, l’incertitude plane toujours pour les parents et les enseignants. Même si le ministre Jean-Marie Blanquer se veut rassurant, il reste difficile de fournir des éléments d’organisation fixes, même la semaine qui précède la rentrée. On vous propose de faire le point et de découvrir aussi quelques initiatives dont j’ai recueilli le témoignage.
Le protocole sanitaire de la rentrée des classes 2020
Les points clés des mesures préventives dans les écoles
Tout d’abord, le cadre général du protocole sanitaire publié au mois de juillet s’applique toujours à la rentrée :
- gestes barrière,
- lavage des mains,
- ventilation des classes,
- port du masque obligatoire à partir de 11 ans (collèges et lycées) et pour tous les adultes, même pour les enseignants de maternelle.
Lors de son allocution du 26 août, J.-M. Blanquer a apporté des précisions concernant le protocole sanitaire.
Si un élève ou un personnel a les symptômes, il y a immédiatement test et s’il est positif, la procédure, qui est de la responsabilité de l’ARS, se déclenche. Cela peut aller jusqu’à la fermeture d’une classe, d’une école ou de plusieurs écoles dans un délai de 48 heures.
Jean-Marie Blanquer, Ministre de l’Education nationale, allocution du 26/08/20
Cependant, pour le moment, aucune annonce n’a indiqué une rentrée différée ou une fermeture préventive à proximité d’un cluster ou dans des zones de circulation active du virus. Le ministre de l’Éducation nationale ainsi que le Premier ministre ont surtout tenu à rappeler le caractère obligatoire de l’éducation et l’impératif d’accueillir tous les élèves de la maternelle au lycée. Le respect du protocole sanitaire devrait permettre de garder les établissements ouverts. Malgré les rumeurs qui annonçaient une rentrée tout numérique, les autorités ont favorisé le présentiel. Elles comptent sur la vigilance et la responsabilité des parents et des enseignants pour faire respecter les mesures d’hygiène.
L’abandon de la distanciation physique dans les écoles
Pour l’heure, la rentrée des classes aura donc bien lieu le 1er septembre. En fait, pour parvenir à accueillir tous les élèves en pleine crise sanitaire, le ministère a dû alléger le protocole sanitaire en vigueur à la fin du confinement. Ainsi, la distanciation physique n’est plus obligatoire quand elle n’est pas possible. Cette mesure inquiète particulièrement les parents. Comment justifier l’abandon des distances de sécurité quand on croise encore les marquages au sol devant les écoles et les magasins ?
Cependant, sans cet assouplissement, l’école ne pourrait pas faire rentrer tous les élèves à partir du 1er septembre. Or, le ministre Blanquer a rappelé que les élèves ont besoin de « plus d’éducation » en cette rentrée des classes « inédite ». En effet, les spécialistes ont pointé du doigt les effets négatifs de la déscolarisation sur certains élèves. La priorité de cette rentrée des classes est donc de faire revenir tous les élèves à l’école.
Par ailleurs, les autorités n’excluent pas la possibilité d’ « adaptations locales du protocole en fonction de l’appréciation des préfets, des recteurs et des directeurs de l’ARS (dont la limitation du brassage d’élèves par niveau). » (vidéo de JM Blanquer adressée aux personnels enseignants courant août). Mais s’il est facile de maintenir des groupes clos en élémentaire, c’est moins vrai en collège et lycée avec les langues et les différentes options… Cependant, « dans les zones rouges, une mesure pourrait être de limiter obligatoirement le brassage » (allocution du 26/08/20).
L’incertitude domine en cette rentrée des classes 2020
À seulement quelques jours de la pré-rentrée des enseignants et de la rentrée des élèves, l’incertitude domine. Parents comme enseignants attendent des directives qui tardent à venir. La journée de lundi 31 août sera décisive. Au cours de cette journée de pré-rentrée, les équipes pédagogiques devront résoudre plusieurs casse-têtes tant pédagogiques que sanitaires. Les horaires d’entrée et de sortie seront-ils échelonnés pour limiter les attroupements devant les établissements ? À noter que la Mairie de Paris a pris les devants en rendant piéton les abords de 80 écoles parisiennes. Elle espère ainsi contribuer à une meilleure distanciation physique aux heures de pointe.
D’autre part, les écoles fourniront-elles des produits d’hygiène et des masques ? Et comment garantiront-elles le respect des gestes barrière et plus largement du protocole sanitaire ?
En fait, les réponses à ces questions dépendront des établissements et des décisions des municipalités. Ainsi, l’Etat a affirmé ne pas devoir délivrer de masques aux élèves, sauf aux plus démunis. Mais certaines régions, comme l’Ile-de-France et l’Occitanie, ont décidé de doter chaque lycéen de deux masques lavables. Sur son compte Twitter, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a déclaré que « ce n’est pas aux familles d’en subir la charge financière. » De même, le département de la Seine-Saint-Denis a décidé de donner des masques à tous ses collégiens. En effet, d’après Le Parisien, « le budget pour une famille de quatre personnes avec deux enfants de plus de 11 ans s’élève à 96 euros par mois pour des modèles lavables et à 228 euros pour des masques à usage unique ». Une charge importante pour les familles.
Mise en place d’un plan de continuité pédagogique pour la rentrée des classes 2020
Parer toutes les éventualités pour garantir le maintien des apprentissages
Pour le cas où des restrictions plus importantes nécessiteraient une distanciation physique, le ministère propose un « plan de continuité pédagogique ». Ainsi, plusieurs scenarii émergent : du maintien des cours en demi-groupes à la fermeture totale d’établissements dans des zones de circulation active du virus. Pour rappel, actuellement, l’Ile-de-France et les Bouches-du-Rhône enregistrent une forte croissante du nombre de cas positifs à la COVID-19.
S’il devait y avoir reprise des cours à distance, le CNED (Ma classe à la maison) et Lumni fourniraient à nouveau des contenus d’enseignement, assure J.-M. Blanquer. Bien sûr, ils complèteraient ceux préparés par les enseignants, sans s’y substituer. Par ailleurs, les enseignants demandeurs pourront bénéficier d’un plan de formation pour les accompagner dans les usages numériques.
Afin d’anticiper une reprise éventuelle des cours à distance, la région Ile-de-France a prévu de fournir un ordinateur à tous les élèves de Seconde, soit 100 000 élèves équipés. Ainsi, Valérie Pécresse, la présidente francilienne espère « pulvériser la fracture numérique« . En fait, durant le confinement entre 5 et 25% d’élèves ont décroché. Certains ont cumulé des difficultés scolaires et une absence d’équipement. C’est pourquoi, la région a décidé de poursuivre massivement son projet d’équiper chaque lycéen. À la rentrée 2019, 200 000 élèves avaient déjà bénéficié d’un ordinateur ou d’une tablette.
Pour revenir à l’instant présent et se concentrer sur la rentrée des classes imminente, je vous propose de découvrir quelques initiatives pédagogiques.
Des initiatives pédagogiques locales
Depuis le début des congés d’été les équipes enseignantes tentent de se projeter sur la reprise des cours en septembre. Bien que la plupart des écoles aient rouvert courant juin, certains établissements n’avaient pas pu accueillir tous les élèves. Et même lorsqu’elles l’avaient fait, les enseignements avaient été limités à quelques notions sur une dizaine de jours. Beaucoup d’enseignants songeaient déjà aux modalités de rentrée et à l’impératif de remise à niveau. Après les « vacances apprenantes » financées par le ministère de l’Education nationale et les collectivités territoriales, l’école doit reprendre son rôle.
À la périphérie d’Angers, une petite école maternelle a déjà annoncé aux familles son organisation pour la rentrée.
« C’est une toute petite école avec seulement deux classes, une de PS et une de MS/GS. La semaine dernière, j’ai reçu un message m’informant que Pierre serait bien dans la classes des plus grands. Je l’avais remis en juin à temps complet et ça s’était bien passé. Mais certains enfants ne sont pas revenus. Pour ceux-là l’école a proposé une rentrée en douceur avec les nouveaux PS. Ils devraient y rester quelques semaines, le temps de se remettre à niveau et rejoindre leur groupe de MS. C’est une très bonne initiative, je trouve. Les deux enseignantes sont très à l’écoute des besoins des élèves, c’est rassurant. »
Cécile, maman de Pierre, 4 ans
De même, dans une école élémentaire du nord est parisien, les classes n’ont encore été définies. Les enseignants ont décidé de se laisser du temps pour observer les élèves.
« Nous ne savons pas exactement ce qu’ils ont vécu pendant le confinement ni après, durant l’été. Ce qui est sûr c’est que nos élèves ont été en grande difficulté scolaire et pour certains en détresse psychologique. Nous avons besoin de quelques jours pour évaluer au mieux leurs besoins et décider des groupes. C’est important pour bien démarrer cette année. Nous voulons vraiment maximiser les chances de réussite. L’école est un lieu de vie collective qui nécessite des aménagements pour créer des synergies de projets et des dynamiques d’apprentissages. Ce n’est pas facile pour nous de démarrer dans le flou. Mais nous avons opté pour la flexibilité pour nous adapter au mieux à nos élèves. Il y va de notre responsabilité d’enseignant ! »
Carine, professeure des écoles en CP à Paris
En conclusion, cette pandémie de coronavirus nous réclame beaucoup de sang froid et de patience. En tant que parents nous aimerions anticiper les besoins de nos enfants, les préparer à l’inédit, faire face à toutes les éventualités. Et c’est ce que nous allons faire dans les prochaines semaines en nous adaptant à la situation sanitaire !
Désormais nous maîtrisons les gestes barrière et nous les avons expliqués à nos enfants. Ils ont hâte de retrouver le chemin de l’école, revoir leurs ami·e·s, reprendre leur rythme d’activités. Ils sont motivés, enthousiastes, un peu anxieux aussi. À nous de puiser dans leur énergie pour les accompagner et les encourager.
La rentrée des classes 2020 est une rentrée spéciale, mais n’en reste pas moins le démarrage d’une nouvelle année scolaire. Avec ses promesses, ses espoirs, ses projets, bref tout ce qui fait battre le coeur de nos enfants la veille du jour tant attendu. Bonne rentrée à tous !